XIX° siècle : la seconde Guerre d’indépendance italienne.

Publié le : 11 décembre 20208 mins de lecture

On s’est séparé en 1849 avec la défaite du Piémont subie par les Autrichiens, suivie de l’inévitable abdication de Carlo Alberto, auquel succéda son fils Vittorio Emanuele II. Dans cette période, on peut voir l’émergence d’un nouveau personnage, Camillo Cavour. Cavour, avait un rêve, celui de faire de l’Italie un État unitaire sous la monarchie de Savoie, donc, une autre guerre contre l’Autriche était nécessaire : la deuxième guerre d’indépendance italienne.

En 1858, l’Italie est divisée en plusieurs petits États : le royaume de Sardaigne, la Lombardie-Vénétie des Autrichiens et trois États indépendants mais sous la protection de l’Autriche, à savoir les duchés de Parme, de Modène et de Toscane ; au centre se trouve l’État-Église et au sud le royaume des Deux Siciles, sous les Bourbons.

Le principal antécédent de la seconde guerre d’indépendance italienne est certainement la rencontre qui eut lieu à l’été 1858 à Plombiers entre Cavour et Napoléon III, qui avaient en tête de changer la carte de l’Europe et de neutraliser l’empire autrichien ; il ne faut pas sous-estimer qu’il s’agissait d’un accord défensif, c’est-à-dire qu’il n’aurait été déclenché qu’en cas d’agression de l’Autriche contre le Piémont ; en outre, en cas de victoire, Cavour s’engageait à céder Nice et la Savoie à la France ; on peut sans risque appeler cela un mariage de convenance entre les deux.

Dans la Confrérie, l’Autriche était au courant de l’accord de Plombiers, aussi parce que le 1er janvier 1859 il y avait les mots énigmatiques de Napoléon III à l’ambassadeur autrichien :

Elle a été suivie d’un discours de Vittorio Emanuele II au Parlement :

On ne peut pas rester insensibles au cri de douleur qui s’élève vers nous depuis de nombreuses régions d’Italie.

La deuxième guerre d’indépendance italienne

Sans doute l’Autriche se sentait-elle menacée, mais le plan de Cavour risquait d’exploser car, au printemps 1859, les grandes puissances européennes ont œuvré pour un congrès de paix (la France et l’Autriche étaient présentes). Pour la joie du comte, il n’en fut rien, car entre les 23 et 24 avril 1859, l’Autriche envoya au Piémont un ultimatum l’accusant de provocations continuelles.

L’Autriche a déclaré la guerre au Royaume de Sardaigne le 26 avril. Le lendemain, la seconde guerre d’indépendance commence, qui voit la France avec 200 000 soldats et le royaume de Savoie alliés dans une série de terribles et violentes batailles. Il y a déjà eu quelques batailles importantes, comme celle de Magenta, près de Milan, où l’armée franco-sabaudienne a gagné, forçant les Autrichiens à se replier.

La conquête de la Lombardie est sanctionnée par des victoires très importantes, mais aussi très sanglantes en raison de la perte d’innombrables Français, Solferino et San Martino, le 24 juin 1859. Ces batailles font vaciller l’opinion des Français et de Napoléon III qui demande une trêve, d’abord en secret, avec l’empereur autrichien François-Joseph à Villafranca, où se trouve également Vittorio Emanuele II, qui semble accepter l’armistice et donc la fin de la guerre.

Cavour était bouleversé, estimant qu’il ne devait pas s’arrêter à ce moment précis : il se disputa amèrement avec le roi et démissionna du rôle de premier ministre.

Entre-temps, les États du centre ont demandé l’annexion au Piémont et Vittorio Emanuele, ne sachant pas comment se comporter, a décidé de rappeler Cavour, car après tout, tout le monde savait que sans lui le processus unitaire n’avait pas d’avenir ; le comte revient au gouvernement en 1860 (après qu’Alfonso La Marmora n’ait pas réussi à résoudre l’impasse internationale), période au cours de laquelle, même dans le sud de l’Italie, les révoltes sont nombreuses ; ainsi, un millier de volontaires, menés par Garibaldi, partent en mai 1860 de Quarto, en territoire savoyard, pour Marsala, en Sicile.

Après plusieurs jours, ils ont été conquis par les chemises rouges de Garibaldi Palerme, Milazzo et Messine, qui ont été suivis par l’insurrection lucanienne. Ils arrivent en Campanie, où l’entrée de Naples est l’une des plus triomphantes. Le roi François II de Bourbon est contraint de battre en retraite et d’abandonner la ville, ses troupes se rendent peu après.

Avec la bataille du Volturno, en octobre 1860, Cavour obtient enfin ce qu’il désire le plus : Garibaldi se retire et remet en personne au roi Vittorio Emanuele les territoires qu’il vient de conquérir lors de la célèbre rencontre à cheval, à Teano, le 26 octobre 1860.

Le roi décide d’intervenir personnellement avec son armée pour annexer l’Ombrie et les Marches, unissant ainsi le Nord au Sud. Avec les plébiscites d’automne de 1860, après le succès de l’Expédition des Mille, les territoires conquis deviennent partie intégrante du Royaume d’Italie qui est proclamé le 17 mars 1861 avec le roi Vittorio Emanuele II.

La campagne ou guerre d’Italie de 1859, correspondant à la deuxième guerre d’indépendance italienne, voit s’affronter l’armée franco-piémontaise et celle de l’empire d’Autriche, le tout dans un contexte global de Rigorgimento (mouvement idéologique et politique italien qui, dans la première moitié du 19e siècle, renversa l’absolutisme et réalisa l’unité nationale).

La conclusion du conflit en 1860 permettra la réunion de la Lombardie au royaume de Piémont-Sardaigne et pose la base de la constitution du royaume d’Italie.

En fait la France et son empereur Napoléon III se devaient d’intervenir en faveur du Piémont, leur allié, car ce dernier avait prêté main forte à la coalition franco-britannique lors du conflit en Crimée contre les Russes.

Jean-Marie Déguignet a très bien raconté sa campagne d’Italie, ce dans les deux éditions de ses mémoires : en 1905 les premiers cahiers manuscrits publiés par Anatole Le Braz dans la Revue de Paris, et en 2001 un deuxième jeu des cahiers complètement réécrits. Ces récits de ces deux éditions se recoupent souvent, et se complètent aussi pour certains détails.

Ainsi on peut lire dans les deux textes, ainsi que sur la carte et dans le résumé daté de l’itinéraire :

  • A. L’entrée en guerre du 26e régiment d’Infanterie, en train et à pied depuis le fort d’Ivry jusqu’au port de Toulon.
  • B. L’arrivée en Italie à Livourne, et l’accueil chaleureux du peuple toscan.
  • C. L’arrivée à Florence en même temps que le prince « Plomb-Plomb », avec des échos de la bataille de Magenta.
  • D. La traversée de la montagne des Apennins, et le campement non loin du lieu de la bataille de Solferino.
  • E. Les quartiers d’hiver en garnison à Bergame, et médaille militaire de la campagne d’Italie.
  • F. Retour en France en passant par Suze et le Mont-Cenis.

Jean-Marie Déguigner se sent solidaire de ses alliés : « C’était un véritable délire patriotique et de liberté qui était au cœur de ces gens. Victor-Emmanuel venait d’adresser aux Toscans un chaleureux appel aux armes pour chasser de chez eux les étrangers, les Autrichiens, qui les spoliaient et les tyrannisaient de si longtemps. Il les conviait à la grande union de tous les peuples italiens ; il les invitait à unir leurs efforts aux soldats piémontais, et aux braves et invincibles soldats de la grande nation unie, la France, l’émancipatrice des peuples opprimés ».

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